Tu aurais du feu ? [elizabeth stonem]

she moves in her own way - the kooks

Rien n'est plus agréable qu'un air frais balayant vos cheveux. Surtout lorsque l'on est agréablement installé - c'est à dire complètement étalé par terre - sur l'herbe verdoyante du College Green, avec une bonne cigarette entre les lèvres. Du moins, je présume que cela devait être très agréable pour Effy avant que je ne vienne l'interrompre dans sa contemplation des nuages.

Comme à mon habitude le samedi, je m'étais levée à une heure plutôt avancée. Il devait être quinze heures lorsque j'émergeais enfin, et je dois dire que je ne me suis pas pressée pour autant. Après tout, le samedi est bien fait pour cela, non ? Ainsi, je me réveillais plutôt tard, et je pris une rapide douche, avant de passer vingt bonnes minutes face à ma penderie, bien que la majorité de mes fringues soient éparpillées un peu partout dans la maison. Bref, je pris mon sac, mes clés, un paquet de cigarettes, et je sortis de cette maison de fous que j'étais obligée de partager avec ma mère et ses "amis".
Je songeais à aller chez Emily. Mais rien que l'idée de voir Katie m'ouvrir la porte m'insupportais. En tant que grande rêveuse, je me mis alors à marcher sans but, pendant quelques temps, mes ballerines claquant sur le trottoir des rues de Bristol. Je ne sais plus comment, mais je me retrouvais au College Green, avec une unique cigarette dans mon paquet.
Quelle immense étendue verte, tout de même ! Bien que le vert ne soit pas dominant là-dedans, avec tous les jeunes qui étaient également venus perdre leur temps à fixer le ciel. J'allais m'asseoir - ou plutôt m'avachir - comme eux, dans l'herbe, lorsqu'une silhouette complètement couchée sur le sol retint mon attention. En fait, ce fut plutôt le sac à côté de la silhouette, que je remarquais. Entre mille, j'aurais pu déterminer sa propriétaire. Elizabeth Stonem, qui ne la connaissait pas ici ? Habituée des frasques en tout genre, soit on l'adorait et on cherchait absolument à être son ami, soit on la détestait profondément. D'ailleurs, ceux qui appartenaient à cette dernière catégorie étaient tous les moins appréciés du lycée, et je suis sûre qu'ils étaient secrètement jaloux d'Effy. En tout cas, je me classais plutôt dans la première (des deux catégories, hein), puisque j'avais toujours plus ou moins apprécié l'enfant terrible de Bristol qu'elle était. L'avantage avec Effy, c'est qu'on est toujours certain de faire la fête sans aucune limite, et en règle générale à s'amuser. Le tout en tombant dans les excès en tout genre, principalement l'alcool et les drogues.
Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête, mais je me vois encore m'approcher d'elle, tout sourire, et de me pencher vaguement, créant ainsi une ombre qu'elle était forcée de remarquer. Tant qu'à faire, autant y aller en finesse, n'est-ce pas ?

naomi - Salut Eff' ! Tu aurais du feu ?

On ne peut plus banal, on ne peut plus stupide, je sais. Vous auriez préféré que je lui demande "Je peux m'installer ?" ? Honnêtement, cette question est absolument insupportable. Pour peu qu'on soit un minimum bien élevé, on est forcé de répondre un truc du style "bien sûr", ou "mais je t'en prie". Non, quand même, je n'allais pas m'abaisser à ça pour avoir un peu de compagnie. Du feu me semblait pas mal. Effy pourrait me parler le temps que j'allume ma dernière cigarette si elle en avait envie, et si elle n'en faisait rien, je saurais au moins qu'il serait temps que je m'avachisse ailleurs. Après tout, il est bien naturel de vouloir rester en solitaire.