don't look at me with this eyes ( feat. Maxxie )

Cela faisait près d’un mois que j’avais fait mon grand retour à Bristol, et je me tapais déjà un mec. Je n’avais, à ma grande déception, pas encore eu l’occasion de revoir mes anciens amis, qui, je l’espérais, le redeviendraient. Je m’étais acheté, avec le peu d’argent que m’avaient laissé mes parents, un humble appartement dans le centre de Bristol. Comme un idiot, je n’étais même pas allé les remercier. Je n’avais fait que glander et déprimer depuis mon arrivée. Je pensais encore à ma rupture avec James. Je ne pouvais même pas y croire, nous vivions le grand amour avant que ce terrible évènement ne survienne. Mais je n’en voulais pas du tout à Anwar, au contraire, j’y voyais une occasion de retrouver son amitié. Pourtant, je n’étais pas encore retourné lui parler. J’avais le numéro de tous ceux de mon ancienne bande qui vivaient encore à Bristol, mais je bloquais ; je n’osais pas décrocher mon téléphone pour retourner les voir. Ainsi, j’avais passé trois longues semaines seul, à danser, à dormir, à manger. J’avais même commencé des cours de guitare sur Internet. Je prévoyais de me remettre au théâtre. Mes études gâchées, il me fallait trouver autre chose, quelque chose qui me sortirait de la merde. Le soir, j’allais traîner dans le centre, dans les bars, au lac, dans la forêt. Pourtant, ce ne fut qu’hier soir que je trouvai enfin un mec avec qui passer la nuit. Un latino, d’une demie-dizaine d’année mon aîné. Il était beau, brun musclé, bien monté. Il n’avait pas la conversation très intéressante, mais baisait très bien. Cela me fit du bien, je n’avais plus fait cela depuis mes adieux à James. A mon réveil, il était bien évidemment parti. Mais je n’en avais cure, j’en trouverais d’autres. Cette nuit ne sexe m’avait remis d’appoint, ma bonne humeur était remontée en même qu’un organe de mon corps. Je décidai d’aller danser au parc. Je m’installais à mon endroit habituel, qui l’était déjà au lycée, et qui le redevenait à présent. Je posai mes affaires sur un banc, sans crainte que l’on me les vole, puis commençai ma danse. Habituellement, personne ne venait regarder, ceux qui avaient le malheur de passer près de mon terrain d’art s’enfuyaient aussitôt, effrayés par le beau gay qui dansait. Pourtant, cette fois-ci, pour la première fois, un gars s’installa, et ne partit pas. Il était âgé d’une vingtaine d’années, avait quelque chose qui me rappelait James. Cheveux châtains clairs, peau blanche, yeux foncés. En général, j’avais le don de reconnaître les gays, ou même les bis. Mais quelque chose en lui m’en empêchait ; il était renfermé sur lui-même, clos comme une huître. Aucune expression sur son visage, aucun tic traître. Il était seul avec son livre. Je n’étais pas fatigué, mais je décidai de trouver un prétexte pour aller le voir. Il était assis à côté de mes affaires, le coup de la bouteille d’eau était presque trop facile. J’allai m’asseoir à ses côtés, pris un coup d’eau, puis lui adressai simplement la parole :

« Salut toi, tu fais quoi ici ? »

Je lui esquissai un sourire. J’étais bien décidé à deviner sa sexualité.