il est cinq heures, Brisol s'éveille . COOKIE ♠

Atmosphère étouffante. Il fallait que je sorte. A moitié en titubant, je me frayait un chemin parmi la foule bruyante et assoiffée de musique. Je passais devant des têtes familières, sans prendre la peine de leur dire bonsoir. J'avais même l'impression de ne pas les connaitre. Puis, de toute manière, que j'aille les voir ou non n'aurais pas changé le cours de leur soirée. Alors je cherchais la porte. Je devait sortir, c'était vital. Je me rappelait à peine de ce qui s'était passé deux minutes auparavant. Les idées passaient comme ça dans ma tête, et une seconde après, je ne m'en souvenait plus. Un état tel que le mien était pour le moins très étrange. Il fallait tout de même que j'avoue ne pas avoir mangé depuis plus de deux jours. Bon, peut-être également avais-je avalé beaucoup de trop de verres d'alcool qu'il n'aurait fallu. Peut-être aussi avais-je commandé quelques pilules à quelqu'un que j'avais avalé durant la seconde d'après. Et alors? Des tonnes de personnes faisaient pareil que moi en ce bas monde! Ce n'était pas un crime. J'avais mal au crâne, c'était dingue. Au début de la soirée, je m'étais sentie totalement opérationnelle à faire la fête, mais là, je doutais de mes capacités à trouver ne serai-ce que la sortie de ce club. Je voyais flou. Mais bon, c'était plutôt amusant, je n'avais pas à me plaindre. Les minutes qui suivirent me parurent être de longues heures. Je ne savais même pas où chercher, ni à qui demander. Alleluia! Une pooooooooooorte! Ni une ni deux je saisis la poignée de cette fameuse porte de la délivrance, en embrassant le videur sur la joue au passage. Bah quoi? J'avais le droit d'être polie non? Je ne m'étais pas attendue à avoir si froid une fois en dehors. Mais tant pis, je n'allais quand même pas rentrer! Mes jambes n'étaient vêtus que de collants verts pommes, qui laissaient passer l'air froid, à mon plus grand désespoir. Et ma robe sans manche et mes ballerines n'arrangeaient pas le tout. J'avais à présent ajouté un éniiiième symptôme à ma maladie de soirée: des sueurs froides et des frissons.

Je ne savais pas comment je faisais pour tenir encore debout, après ce que j'avais ingurgité comme pilules, comme alcool, ou ce que je n'avais pas ingurgité comme nourriture, mais en tout cas, je tenais debout! Il devait être quatre heures du matin, et mis à part le Boum-Boum que l'on pouvait entendre, tout était calme. Je finis par me souvenir que j'avais disposée une cigarette et un briquet en forme de pingouin dans mes chaussettes qui étaient superposées théâtralement à mes collants. Je la saisis avec beaucoup de mal, manquant de chuter sur le béton, mais je me rattrapais à temps, pour rester sur mes pieds. Une cigarette au bec, j'observais donc l'obscurité, détaillant du regard les moindres passants qui auraient l'audace de se montrer ici. Au bout d'un moment, je me mis à marcher de long en large, pour passer le temps tout en fumant ma clope. D'ailleurs, cette dernière finis par terre, même pas achevée, car je me rendis compte que tout ce que j'avais avalé comme alcool était en train de... remonter. Dans un bruit parfaitement immonde, je laissais s'échapper en un vomissement tout les verres bu au cours de cette soirée. Beuark, dégueulasse. J'en avais encore moins dans le ventre à présent.

J'étais fatiguée à présent. Les sueurs froides ne cessaient pas. Je finis par m'allonger, à quelques mètres de l'endroit où j'avais vomis, juste devant le club. Un chat vint se pelotonner au creux de mes bras, tandis que je lutais pour ne pas m'endormir. Au loin, j'entendais des pas, ce qui me fit me redresser, et le chat aussi. Il était roux. Trop mignon. Il restait sur moi, sans broncher. Quelqu'un arrivais, sans que je puisse reconnaitre qui c'était à cause de cette obscurité. Tant pis...

Fumer. Boire. Danser. Boire encore. Danser. Jusqu'à être totalement déconnecté. La bande s'était retrouvée ici, sans même avoir eu besoin de se donner rendez-vous. C'était l'été, tout le monde sortait pour profiter des dernières vacances avant de rentrer dans la vie active. Évidemment, Effy n'était pas de la partie encore trop affaiblie par les évènements récents; c'était donc un grand soulagement pour notre jeune fugitif qui pouvait apprécier pleinement la compagnie de son meilleur ami. Cook s'était enfilé un petit sachet de poudre blanche quelques heures plus tôt, la drogue faisait toujours effet. Automatiquement, celui-ci s'était rapproché d'une fille. Ils semblaient autant défoncés l'un que l'autre mais cela ne les empêcher pas de continuer à danser. Le jeune homme ne se gêna pas pour poser ses mains sur elle et parcourir chaque parcelles de son corps, toujours en dansant. Son sang bouillonnait en lui comme un volcan en irruption et l'excitation le gagnait peu à peu. Son esprit divaguait dans un monde parallèle; un monde beaucoup plus merveilleux et enchanté que la réalité. Les effets de lumières y jouaient pour beaucoup. Cook s'approcha un peu plus prêt et les lèvres de la jeune fille finirent par frôler les siennes, pour se transformer en baiser langoureux au milieu de cette foule en délire. Le son résonnait, la chaleur était omniprésente, quelques bousculades mais tout paraissait normal. La drogue qui stimulait les effort du jeune homme se dissipait petit à petit, et celui-ci commençait à sentir l'épuisement monter en lui. La soirée continua ainsi. Tout le monde semblait oublier en l'espace d'une soirée tous leurs problèmes.

Deux heures maintenant qu'ils étaient là. Cook s'était arrêté de danser depuis plusieurs minutes et avait rejoint JJ qui était assis au comptoir. Une salutation enthousiasme de la part de Cook envers son ami, eut le bénéfice de le faire sourire. James apporta un verre à ses lèvres qu'il but en une gorgée et son regard se posa autour de lui, reprenant petit à petit son souffle et ses esprits. Il essayait de profiter de la soirée, comme il pouvait, prévoyant certainement de coucher avec cette fille qu'il avait embrassé plus tôt dans la soirée. Ou une autre, quelle importance... De toute façon, aux yeux du jeune homme aucune arrivée à la cheville d'Effy. Son regard se posa sur deux filles qui semblaient plutôt proche, peut-être même trop proche. Un sourire amusé se dessina sur le visage du jeune homme qui donna un coup de coude dans les côtes de JJ avant de faire un signe de la tête en direction des deux filles. JJ posa alors à son tour son regard sur celles-ci qui étaient littéralement entrain d'avoir un orgasme. Il sembla alors estomaqué ne détachant pas une seule seconde ses yeux de la scène qui s'offrait à lui. En revanche, Cook ne l'était pas, cela l'amusait réellement, surtout la tête que faisait JJ. Reprenant un nouveau verre, il se tourna de l'autre côté et cette fois son regard se posa sur cette blonde qui selon lui, n'était pas de bons conseils à son égard. JJ n'avait pas besoin de cette fille comme amie. Et Cook n'était pas prêt à la laisser s'accaparer de son ami. C'était peut-être elle, la raison pour laquelle il ne voyait plus JJ ces derniers temps, comme s'il avait disparu de la surface de la terre. Enfin, Cook cherchait une excuse, il fallait bien qu'il y ait un coupable du faite que JJ et lui ne soient plus aussi proche qu'ils ne l'étaient auparavant. Celle-ci se perdit rapidement dans la foule, alors James n'y prêta plus attention, continuant à tressauter légèrement au rythme de la musique.

Les minutes défilaient à une vitesse incroyable... Cook était trop défoncé pour avoir la notion du temps et comprendre quoique se soit. Les images autour de lui tournoyaient comme un manège enchantée, son champ de vision devenait légèrement brumeux et les gens qui se dandinaient à ses côtés n'étaient plus que des formes disproportionnées. Pourtant, un sourire béat collé au visage, Cook appréciait cet état d'euphorie, tout cela l'amusait. Évitant tant bien que mal les personnes sur son passage, Cook déambulait sans vraiment savoir où il allait, percutant quelqu'un à deux reprises. La chaleur devenait insupportable, le jeune homme avait la désagréable impression d'étouffer. Instinctivement, il trouva rapidement la sortie et pu inspirer une grande bouffée d'air frais. Quelle soulagement !... Il faisait nuit noire. Bien que l'été avait commencé depuis plusieurs semaines, la fraicheur était présente mais c'était plutôt plaisant. Toujours ce fameux sourire qui semblait exprimer une satisfaction exagérée, Cook s'éloignait petit à petit de l'entrée du club sans réaliser exactement ce qu'il faisait. Errer. C'était ce qu'il savait faire le mieux. Comme s'il n'en avait pas eu assez, le jeune homme sortit de sa poche un briquet et se baissa pour attraper une roulée qu'il avait soigneusement insérer dans sa chaussette. Quand soudain, un miaulement attira son attention. Redressant machinalement son regard en direction du cri qui ressemblait à celui d'un chat... Quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu'il remarqua cette même fille allongée sur la chaussée. La drogue qu'il avait ingurgité tout au long de la soirée, avait pour effet d'amplifier ses réactions et ressentis; c'est pour cette raison que Cook se mit à s'esclaffer de ce rire si particulier et fidèle à lui même lorsqu'il vue Cassie à terre avec ce chat qui ronronnait à ses côtés. S'avançant dans sa direction, plié de rire, Cook s'arrêta à quelques centimètres de sa tête, cachant par la même occasion, la lumière du lampadaire qui l'éclairait quelques secondes plus tôt.

« Putain meuf, qu'est-ce que tu fous part terre ? » Déclara-t-il entre deux ricanements. Lorsqu'il s'arrêta enfin de rire, il amena la clope qu'il avait en main, à ses lèvres pour l'allumer sans plus tarder retrouvant son sérieux, comme si allumer une clope demandait un maximum de concentration.

Seigneur, que j'avais froid. Faim, envie de dormir, envie de vomir, envie de courir loin d'ici, envie de retourner dans les bras de Sid qui était je ne savais pas où, envie de ramener le petit chat chez moi, envie de nager dans une eau glacée, envie de me frapper les bras sur le béton, envie de... Whoua, c'était fou comme mon esprit vagabondait loin lorsque je me laissais aller. Parfois, il m'arrivait de dire ces choses là à haute voix, sauf que dans ces instants là, on me prenait pour une débile profonde, ce que j'étais d'ailleurs. J'aurais voulu les dire à haute voix ici, maintenant, sauf que ça se serait appelé " parler toute seule ", et que ma psychologue m'avait conseillé de ne pas le faire. Ouais, je suivais les conseils de ma psyco' parfois. J'en étais fière. Enfin, arrêter de parler toute seule était loin d'être un énorme défis, et je savais que si elle m'avais demandé de recommencer de manger normalement, je n'aurais jamais accepté. Pourtant, c'était totalement ce que j'aurais dû faire, mais je ne m'en sentais pas capable. C'est comme si on demandait à un aquaphobe de plonger illico dans la mer, sans lui avoir au préalable donné une bouée ou autre chose pour qu'il se sente en sécurité. Me retrouver devant une assiette, on pouvait dire que ça me faisait l'effet de me noyer, et je perdais le contrôle. Alors je ne mangeais pas. Rien du tout. Pas même une miette. J'alternais ces périodes de jeûne avec de longues périodes de boulimies, durant lesquelles, au contraires des autres, je ne parvenais pas à m'arrêter de manger, comme pour combler un vide intérieur qui me rongerais. Après cela, évidemment, je culpabilisais comme une malade et je me faisais vomir. Putain, si vous saviez comme c'est éprouvant de ne pas être normal.

Si vous saviez... Et là, en cet instant précis, j'étais censée boire pour oublier, faire la fête comme mes autres compagnons qui eux aussi essayaient de ne plus penser à leur problèmes, pour tout simplement s'amuser un tant soit peu. Mais bon, assise devant le club, j'attendais. J'attendais d"'avoir le courage de me relever, la force de retourner chez moi. Cela pouvait prendre des heures, j'en étais consciente, mais quoi qu'il en soit, j'attendrais. Des pas se faisaient clairement entendre depuis l'endroit où j'étais. Je m'étais redressée, adossée au mur. Le petit chat présent sur mes genoux ronronnait. C'était tellement mignon une petite bête pareille... La silhouette qui arrivait, il me semblait que je le connaissais.

« Putain meuf, qu'est-ce que tu fous part terre ? » explosa t-il littéralement de rire.

James Cook. Un pote à un pote. Je ne lui avais jamais réellement parlé, mais néanmoins j'en avais entendu parler. C 'était un genre de tête brulée, qui voyait la vie comme bon lui semblait. Je devais avouer qu'il semblait plutôt cool comme garçon, et j'aurais aimé dire à JJ que je m'entendais bien avec l'un de ses meilleurs amis. C'est certainement pour cela que je finis par lutter pour garder les yeux ouverts et retrouver la pêche, en espérant pouvoir apprécier ce gars posté juste devant moi, plié de rire qui me cachait la lumière d'un lampadaire proche. Il finit par arrêter ses ricanements, reprenant son sérieux, tout en essayant d'allumer une clope. Ce n'était pas gagné, mais il finit par y parvenir. Miracle. Il semblait tout aussi défoncé que moi, si ce n'était plus, mais bon. Après tout, dans cette boite, tout les monde devait certainement l'être à cette heure-ci.

« J'en sais rien à vrai dire. Toi t'es Aramis, Porthos, ou Athos? » demandai-je, énumérant les noms des trois mousquetaires, et parlant d'une voix que je voulais détachée et amicale.

Bah quoi, fallait bien que j'engage la conversation, nan? Et comme j'avais longuement entendu JJ parler des trois mousquetaires, je voulais connaitre le point de vue de Cook cette fois là.

Cook parvint non sans mal, à allumer sa roulée. Il tira longuement dessus laissant la fumée emplir petit à petit ses poumons. Un sentiment de bien être s'empara alors de tout son corps. C'était presque un véritable soulagement d'avoir sa dose de nicotine ! Un sourire satisfait au coin des lèvres, Cook recracha lentement la fumée en baisant les yeux sur Cassie toujours allongées sur ce trottoir goudronné. Elle semblait dans un sale état, bien pire que lui. Ses yeux étaient tout petit et carrément défoncés. Est-ce qu'elle l'avait reconnu ? Est-ce qu'elle elle savait au moins réellement qu'il y était dans la vie de tous les jours ? Pas certains. A moins que ce cher JJ, ait pris un malin plaisir à lui raconter. Peu importe, ça n'avait aucune espèce d'importance. En revanche, le faite que Cassie accapare toute l'attention de son pote, là oui, c'était plus grave. Tout le monde savait qu'elle avait des problèmes avec la bouffe, son mental était sérieusement atteint. JJ quant à lui, était quelqu'un de fragile psychologiquement. Selon James, une fille comme Cass' n'arrangerait en rien son état, au contraire, elle le fera plonger avec elle. Chose que Cook n'appréciait guère. Oui, il se méfiait de cette blonde qui pouvait avoir une certaine emprise sur son ami. JJ était quelqu'un de très maniable, il était donc facile de se servir de lui. Serait-ce l'amour qui a rendu James si méfiant à l'égard des filles ? Peut-être bien... Mais une chose était certaine, il ne voulait pas perdre son ami à cause d'une fille. Pas une nouvelle fois. Si on reconsidérait son parcours, on pouvait amplement le comprendre. Cassie finit par répondre à sa question, une fois qu'elle eut percuté qu'elle n'était plus seule à présent. « J'en sais rien à vrai dire. Toi t'es Aramis, Porthos, ou Athos ? » Dit-elle sur un ton plutôt sympathique. Cook ne s'y attendait pas vraiment. Faut dire qu'il avait l'habitude que les filles -qui ne le portaient pas dans leur cœur- le rembarre sèchement. A croire, qu'elle n'était pas au courant de ce qu'il pensait d'elle. De plus cette question était assez déstabilisante pour notre jeune homme qui avait déjà du mal à ne pas tanguer sur ses deux jambes. Cook fronça faiblement les sourcils, pas certains de comprendre. En même temps, son cerveau n'était pas en état de fonctionner normalement. Il laissa échapper un « Quoi ? » incrédule. Tenant toujours sa clope du bout des doigts, il gardait son regard rivé sur la jeune fille. Après un petit temps de réaction, il reprit en acquiesçant brièvement.

« Oh, je vois. JJ a oublié de t'émettre cette information. » Dit-il d'une voix complètement détaché à son tour. Aucune chance de savoir s'il était ironique, gentil ou autres à cet instant précis. Si peut-être l'indifférence. Le jeune homme finit par se baisser pour s'asseoir sur la bordure du trottoir au côté de la jeune fille. Elle se trouvait à sa gauche maintenant, toujours allongée, cela ne semblait pas lui poser de problème. Cook fixait son joint qu'il tenait entre les mains, l'air perplexe. Puis il reprit en tournant quelques secondes le visage vers Cass' qui caressait toujours ce chat, confortablement installé sur son ventre. Elle était si étrange, que Cook l'observait sans dire un mot, sans même qu'elle ne s'en doute. Elle semblait différente de l'image qu'il se faisait d'elle. Il laissa échapper instinctivement, « On a jamais vraiment décider qui était qui. » Cook apporta la roulée à ses lèvres pour en tirer une longue taffe, et reprendre après avoir recracher la fumée.

« Honnêtement, je connaissais même pas le nom du 3ème mousquetaires. » Finit-il par avouer avec un sourire à la fois défoncé et amusé. Sa tête tournait, il l'avait l'impression que plus rien n'était stable autour de lui. Mais il n'était pas inquiet, l'habitude sûrement. Cook n'était pas doué pour engager les conversations, surtout lorsqu'elles étaient aussi bizarre que celle-ci. Bizarrement, il était difficile d'être méchant avec une personne qui ne l'était pas en retour; James n'était pas un monstre, il avait même prouvé ces derniers temps qu'il n'avait pas un cœur de pierre contrairement à ce qu'il laisse paraître.

Il avait un joli visage. C'était tout ce que je parvenais à voir depuis l'endroit où je me trouvais. Et puis, de toute façon, mon état ne me permettais pas réellement de m'attarder trop sur quelques petits détails. Je sentais que d'une seconde à l'autre je pouvais gerber partout à nouveau, comme si je n'avais pas encore tout expulsé la première fois. J'inspirais et j'expirais profondément, comme pour faire passer ce malaise. Une autre personne m'aurait certainement prise pour une blonde timbrée respirant très forte assise par terre comme un clochard, mais lui, j'osais espérer qu'il aurait une meilleure opinion de moi. Après tout, je devais bien à JJ de m'entendre avec son meilleur ami, n'est-ce pas? Je ne le connaissais pas, et pourtant, je le trouvais déjà plutôt sympathique, rien que par son allure. Sa voix aussi était marrante, même si elle parvenais à mes oreilles comme un bourdonnement lointain, un des nombreux effets que me procurait cette soirée bien trop arrosée.

« Oh, je vois. JJ a oublié de t'émettre cette information. » me dit-il d'une voix dans laquelle je sentis un profond détachement.

A cause du peu d'émotion dans sa voix, et du fait que je ne parvenais pas réellement à bien distinguer les expressions de mon visage, rien ne pouvait me dire s'il semblait apprécier cette rencontre saugrenue ou non. La suite me le dirait certainement. Les temps que sa phrase me monte jusqu'au cerveau, que je l'analyse, et que je la comprenne, je me rendis compte qu'il n'avait pas terminé de parler, et il continua:

« On a jamais vraiment décider qui était qui. »

Il s'était à présent assis à côté de moi. J'étais presque à moitié allongée sur le mur, le chat entre mes bras. C'était tout doux.Par on, il entendait les trois mousquetaires eux même. JJ, Cook et ... comment s'appelle t-il ce fameux troisième? Ah ouais, Freddie. En gros, ils se connaissaient tout les trois depuis un sacré bout de temps, et, au fil des années, ou alors depuis toujours, ils étaient meilleurs amis. Même si parfois ils ont quelques histoires, ils restent quand même soudés, en fin, théoriquement c'est ce qu'il devrait arriver. Et ce surnom leur était venu comme ça, tout simplement parce qu'ils étaient trois, et que Alexandre Dumas est un génie.

« Honnêtement, je connaissais même pas le nom du 3ème mousquetaires. »

Bon, dans ce cas là, Alexandre Dumas n'a rien à voir dans tout ça. C'est vrai que je m'imaginais très mal un garçon comme Cook lire un livre. Je ne voulais pas le juger, mais même s'il avait l'air très malin et intelligent, il ne devait pas être du genre à connaitre par cœur tout les grands classiques littéraires, même s'il se sentait concerné ne serai-ce qu'un tout petit peu. Grand bien lui fasse, il devait bien profiter de sa jeunesse, nan? Il aurait certainement tout le loisir de voir tout ça plus tard. Ou pas.

« Ouais, moi non plus. » dis-je d'un air paumé, en ne cessant de fixer le chat, alors que mes yeux commençaient à se brouiller un peu plus. « Enfin si, mais pas avant. Votre histoire avec JJ m'a intrigué, et pis ça m'a donné envie de lire le bouquin histoire de ... » commençais-je

Je ne savais même pas ce que j'avais l'intention de dire. C'est fou comme l'alcool et la drogue avaient la puissance de me ramollir complètement le cerveau. En même temps, c'était un peu leur fonction principale, mais bon. Et, quand bien même étais-je complètement « ramollie » par ces substances, je savais que la prochaine soirée serait pareille, que je finirais toujours pas être complètement bourrée et HS à cause des pilules. Je regrettais même de ne pas avoir une bouteille sous la main, là, tout de suite, maintenant, pour pouvoir boire quelques goutes et pouvoir m'endormir sans problèmes. Il était clair que j'aurais pu dormir sur le champs, mais il m'aurait fallu encore quelques verres de vodka pour faire de beaux rêves. Terminant cet instant de méditation profond, je pris une grande bouffée d'air frais ( enfin pas tant que ça étant donné que Cook fumait son joint juste à côté de moi ... ).

« Histoire de connaitre l'œuvre. » terminai-je

J'avais la vague impression qu'il n'en aurait absolument rien à foutre, mais après tout, moi lorsqu'on me pose une question, j'y réponds. Bon, en fait, il ne m'avait même pas posé la question, mais ce n'était pas grave, ne nous formalisons pas sur des petits détails comme ça voyons...

La jeune fille était toujours à terre, respirant profondément comme si elle essayait de se calmer ou faire passer une soudaine envie de vomir. Cook opta plutôt pour la deuxième solution, car son teint était devenu livide. Certes, il là trouvait bizarre, qui ne le pensait pas de toute façon ? Mais James avait eu à faire à des personnalités bien plus étrange que la sienne, à savoir, Effy. Ou même JJ lorsque ses crises le rendaient hystériques, pourtant, il ne les jugeait pas pour autant. Une des qualités du jeune homme; pas qu'il trouvait ça mal mais parce qu'il n'en avait absolument rien à foutre, la personne était comme elle l'était, point barre. Ensuite, il l'apprécie ou il l'envoie chier. C'était aussi simple que ça. Enfin, tout le monde savait que les sentiments étaient bien plus complexes que ça en réalité. Aimer ou détester, le choix n'était pas toujours évident. C'était juste une manière pour Cook, de montrer aux gens qui l'entoure qu'il s'interdisait les sentiments. Sauf que l'amour lui était tombé dessus contre son gré. Bref. James fit une remarque à Cassie à propos de JJ, puis finit par répondre véritablement à sa question. Réalisant qu'il n'avait aucune raison d'être méchant sur ce coup là. Surtout que le jeune homme n'avait pas un fond méchant, il était juste désorienté à cause d'un manque total d'éducation. Ses parents n'étant jamais présent pour l'élevé ne lui ont jamais fixé des règles ou des limites. Il ne connaissait aucune limite. Il n'en a jamais connu. James finit par lui avouer qu'il ne connaissait pas le nom du troisième mousquetaire. Logique... les études n'ont jamais été son truc. Et personne l'ayant pousser à le faire étant gosse, ce n'était pas maintenant qu'il allait s'y mettre. Entre temps, Cook s'était assis à côté de la jeune fille. « Ouais, moi non plus. » Dit-elle complètement déconnecté de la réalité. Son regard observait le chat toujours présent à ses côtés avec une telle intensité que Cook baissa à son tour son regard sur ce chat essayant de connaître la cause de cette contemplation si soutenue. « Enfin si, mais pas avant. Votre histoire avec JJ m'a intrigué, et pis ça m'a donné envie de lire le bouquin histoire de... » Continua-t-elle en laissant sa phrase en suspens. Cook haussa les sourcils en attente du suite, qui mit un certains temps à venir. Prenant une grande bouffée d'air frais, Cassie finit enfin par terminer sa phrase.

« Histoire de connaitre l'œuvre. » Tout ça pour dire ça. Cook ne put s'empêcher de s'esclaffer face au comportement de la blondinette complètement défoncée. Il l'était autant qu'elle, pourtant les réactions étaient différentes. Le jeune homme devait bien avouer que cette fille faisait littéralement déliré, mais c'était peut-être parce qu'il était dans un état second lui aussi. Toujours dans un éclat de rire ébahi, le jeune homme prit enfin la parole après l'avoir écouté attentivement.

« Faudra que tu m'donnes l'adresse de ton dealer, blondie ! » Dit-il dans un faible sourire amusé par le comportement de la jeune fille. Beaucoup de questions sur son sujet vagabondaient dans son esprit. Comment avait-elle connu JJ ? Comment étaient-ils devenus aussi proches ? Mais, Cook préféra éviter le sujet de JJ et son amitié pour le moment. C'est pour cette raison qu'il lui posa une question sur un tout autre sujet, peut-être embarassant pour Cassie; « Il parait que tu bouffes jamais rien. Pourquoi ? » Cook ne pesait jamais l'ampleur de ses mots, il était toujours très direct et attendait une simple réponse de sa part. La première chose qu'il avait entendu à son sujet, était justement cette manie de ne rien avaler jusqu'à faire un p'tit tour à l'hôpital. James ne comprenait pas comment quelqu'un pouvait en arriver là. Quel était l'intérêt ? Mystère pour notre jeune homme qui inspira profondément sur son joint avant de le tendre vers la jeune fille et lui demander naturellement.

« Tu veux tirer ? » Demanda-t-il comme s'il n'avait pas remarquer dans quel état lamentable elle se trouvait déjà. Cook n'avait pas de limite alors il n'en imposait pas aux autres. Les minutes défilèrent et le jeune homme venait à se demander pourquoi il restait là, dehors, assis à côté de cette fille qu'il n'appréciait pas particulièrement, bien que honnêtement il là trouvait plutôt sympathique. Il réalisait que la seule chose qu'il l'empêchait de l'apprécier réellement était son amitié avec JJ. C'était trop bizarre entre eux, et Cook n'avait pas envie de perdre JJ à cause d'une fille comme il avait perdu Freddie avec Effy, même si la situation était encore une fois différente.

Lui. Moi. Assit l'un à côté de l'autre, sur le bord d'un trottoir. La scène devenait de plus en plus étrange. James était défoncé, et moi, je pensais ne pas me tromper lorsque je disais l'être encore plus. Même après avoir vomi tout l'alcool, ma vision était encore floue, je mettais un certain temps à comprendre ce qu'il me disait. C'est à peine si je me sentais capable de lui répondre quelque chose qui aurait eu un sens. Pour la première fois qu'on se rencontrait, je n'étais pas au meilleur de ma forme. Quelque chose me disait que rien n'aurait été pareil si nous n'avions pas été dans cet état là. J'avais entendu parler de James Cook, l'homme sans limites. On ne pouvait jamais anticiper ses actions, tant il était imprévisible. Un peu comme moi, en quelques sortes, mais pas totalement de la même manière. Moi, c'était de la pure folie, de l'illumination qui commandait mes actions. Lui, c'était certainement ses nerfs, son envie de bouger, de s'amuser. « Faudra que tu m'donnes l'adresse de ton dealer, blondie ! ». Certainement sa manière de me dire que j'étais un peu timbrée. Détrompez-vous cela ne me dérangeais pas le moins du monde.

J'aimais la manière dont j'étais folle. Non, sérieusement, je trouvais ça tordant. Le pire, c'était bien évidemment que, je l'étais tout les jours, sans avoir besoin d'être sous l'emprise de petites pilules, ou d'autres merdes dans ce genre. Ma folie était naturelle. Ça me venait de mes parents, enfin, tout au moins, c'était ce que je pensais. Ils m'avaient toujours dis qu'il fallait que je sois moi-même, en toutes circonstances. Leurs habitudes de vie, leurs passions, ce dont ils parlaient... Tout ça avait fini par me rendre PAF*. Et c'était parfait comme cela. Aujourd'hui, j'avais une drôle de réputation, et, sois les gens m'adoraient, sois ils me détestaient. Généralement, il n'y avait pas de juste milieu. Pourquoi étais-je revenue à Bristol? Pour justement retrouver ces personnes, qui m'aimaient. Je voulais retrouver Maxxie et sa douceur. Je voulais revoir Anwar, qu'il me parle de sa religion. J'avais envie de revoir Jal, pour savoir si elle était devenue une brillante joueuse de clarinette. Je mourrais d'envie de voir si le couple Tony/Michelle, le genre de couple « rois du bal de promo » avait survécu. Je voulais revoir Chris, qu'on se fasse ses soirées dont nous seuls avions le secret. Je voulais revoir Effy et remarquer comment elle avait grandis. Et surtout, je voulais m'excuser, pour tout ce que je leur avais fait, ma dernière année passée ici. J'avais réellement changé en ce temps là. J'avais basculé vers le mauvais côté, j'étais devenue une vraie salope, dans tout les sens du terme. Et aujourd'hui, je voulais leur prouver que j'étais à nouveau la vraie Cassie, celle qu'ils aimaient JADIS.

« Il parait que tu bouffes jamais rien. Pourquoi ? ». Boum. Ça, c'était fait. Quel était l'intérêt pour lui de me poser ce genre de question? Je n'en savais rien, j'étais trop défoncée pour réfléchir. La plupart du temps, lorsqu'on me demandait ça, je mentais. Je leur disais que je mangeais à nouveau, que ma vie avait repris un sens avec Sid, que New York m'avais fait le plus grand bien. Mensonges, mensonges, mensonges. Dans cette histoire d'anorexie, il n'était pas question de Sid, ni même d'amour tout court, il était question de complexes, de mal-être, d'envie de maigrir pour se sentir jolie, rien qu'une fois dans sa vie. C'était ça la vérité. La vérité était que je me sentais trop mal dans ma peau pour avaler quoi que ce soit, que j'avais peur de ne jamais être comme je le désirais. « Parce que ce monde, c'est d'la pure merde. Genre, à chier! Et moi aussi, j'ai l'impression d'en être une. Maigrir, c'est une manière de me sentir mieux. Et pi' d'toute manière, j'ai jamais faim. ». J'espérais qu'il trouverais en cela une réponse satisfaisante. Qu'il comprenne ou non, je m'en fichais.

« Tu veux tirer ? » me proposa t-il en me tendant sa roulée. Je réfléchis un instant. Généralement, ça me donnait la dalle. Mais je finis par me dire que je ne pourrais pas être plus affamée que je l'étais maintenant, alors j'acceptais. Je tirais deux coups, dans le silence le plus total, avant de lui rendre. Je ne sentais plus rien. La fumée semblait ne me faire absolument aucun effet. « Pourquoi t'es fugitif? Qu'est-ce qu'il t'as pris? ». A mon tour de poser des questions. Je m'étais toujours demandé pourquoi il était tel qu'il était, tellement imprévisible, tellement provocateur, tellement LUI.