Skate, spliff, and stuff... [PV. Effy]

Je roulais sur mon skate, évitant de près les passants qui râlaient en me voyant et se reculaient instinctivement en réalisant que je ne ralentissais pas. Je me rendais au skate park. Ca faisait, genre, une éternité que je n’y étais pas allé alors qu’il y a encore quelques temps, je ne pouvais passer une journée sans y faire un tour. Il faut dire qu’en ce moment, je n’avais pas vraiment eu le temps de m’y rendre. Vous savez, pas mal de trucs à faire et à gérer, en même temps. La dernière fois que j’avais eu un moment à moi tout seul comme celui là remontait à…loin, très loin. Tout comme la dernière fois que j’étais monté sur ce skate. Espérons au moins que je n’avais pas perdu la main. Le skate était le meilleur moyen d’évasion pour moi. Voila pourquoi j’avais peut être passé une bonne partie de mon adolescence dans le petit skate park du coin. C’était vraiment le genre de sport où il faut être tellement concentré qu’on ne peut pas penser, puis aussi, assez bien défoncé – heureusement, j’avais tout le matériel pour ça - pour pouvoir enchaîner les chutes sans sentir réellement la douleur. Et c’est exactement ce qu’il me fallait. Parce ce que sinon, j’arrêtais pas de penser. Tout le temps, à tout et n’importe quoi. Non, surtout à elle. Seulement à elle.

Je n’avais pas revu Effy depuis le soir où Cook l’avait déposé chez moi. Depuis, je me sentais un peu hors jeu, si on peut dire, à me demander comment et pourquoi on en était arrivé là. Je voulais la voir. Je devrais peut être l’appeler, enfin donner signe de vie quoi. J’étais pas trop du genre à écouter les « on-dit » mais j’avais entendu qu’elle était sortie de l’hôpital il y a quelques jours. J’avais hésité à lui rendre visite. A chaque fois que l’envie me prenait d’y aller, j’y renonçais aussitôt. Il faut dire que la dernière conversation qu’on avait eu n’avait pas été très joyeuse. Je lui avais reproché de m’avoir largué et elle m’avait reproché de l’avoir rendue folle. Ce n’était pas l’une de nos conversations les plus joyeuses, c’est vrai je le reconnais.

L’entrée du skate park me sortit de mes pensées. Je m’aventurais sur les rampes, enchaînant les ollies et autres figures pour m’échauffer, mon joint encore éteint coincé entre les lèvres. Le parc était encore assez vide et j’avais la plupart des rampes à ma disposition. Cool, au moins, je serais tranquille. Ou peut être pas. J’arrêtais mon skate et allumais mon joint, voyant une ombre dans mon dos s’approcher de moi.

Ma mère était enfin partie en Italie. J'insistais sur le "enfin" car depuis mon entrée à l'hôpital elle ne m'avait pas lâchée une seule seconde. Mais elle s'est finalement décidée à partir, elle en avait le plus grand besoin, je le comprends bien. Au moins, cela me laissait un peu de liberté. Surtout pour sortir seule.

La maison ce matin était redevenue vide et tranquille. Et pour une fois, ça me faisait du bien, surtout de ne plus entendre: "Prends tes médicaments Elizabeth et n'oublies pas ta séance avec ton psychologue." Oui je pouvais appeler ça liberté, car enfin je n'avais plus l'impression de passer pour une infirme.

Il faisait beau aujourd'hui, ce qui me donna envie de sortir un peu en ville. Mais où? Assise au milieu du salon, mes pensées se dirigèrent immédiatement vers Freddie. Elles étaient le plus souvent pour lui. Lui que je n'avais pas revu depuis ma dernière crise et notre énième dispute. Je sais bien qu'il vivait tout ça vraiment très mal, comme tout mon entourage, mais à quoi bon, il en était l'origine. Depuis, je ne donne plus de nouvelles, il n'en donne plus non plus.

Le skate park était donc ma prochaine destination, à quoi l'appeler ou lui envoyer un message, j'allais surement le trouver là bas. Il fallait que je le vois, je ne pouvais pas faire sans. Je voulais entendre ce qu'il avait à dire, parce que bien sur il fallait en parler... J'arrivai au skate park qui était plutôt calme, voire presque vide. J'allumai un des joints que j'avais roulé ce matin, histoire de ne pas paraître trop sur les nerfs et je commençai à le chercher du regard. Il ne me fallu pas trop longtemps pour le repérer, il était là, devant moi, de dos. Je m'approchai de lui silencieusement, recrachant calmement la fumée. J'attendais qu'il se retourne et qu'il me regarde. Je comptais garder un moment le silence, comme je le faisais souvent...

J'allumais mon joint et en tirais la première taffe. C'était de loin celle que je préférais. J'aimais sentir ma tête qui commençait à tourner, me sentir planer. Je pris d'autres taffes, histoire de me détendre en peu, tout en m'amusant à faire rouler mon skate. Je regardais face à moi et vis cette ombre, toujours la même, qui empêchait le soleil de réchauffer mon dos. Je me retournais alors, en recrachant la fumée que j'avais en moi. Effy se tannait devant moi, avec ce petit sourire qui avait souvent eu le don de m'agacer mais que, malgré tout, j'adorais. Je ne savais pas vraiment si j'étais parvenu à cacher ma surprise. Au moins ce que j'avais entendu était vrai, Effy était bien de retour chez elle. Nous restions là à nous dévisager, elle avec son petit sourire timide et moi avec une pointe de gêne. Je coinçais mon joint entre mes lèvres et réfléchissais rapidement à ce que je pourrais lui dire. Évidemment, la connaissant, elle garderait probablement le silence pendant quelques minutes. Je haussai alors les épaules. « Salut... » Voila le seul mot qui sorti de ma bouche. C'était nul, je sais mais qu'est ce que j'aurais pu dire d'autre ? C'est vrai que j'avais plein de choses à lui dire, en fait, et que j'étais content, même très content, de la voir mais la dernière fois qu'on avait discuté, elle m'avait quand même accusé de l'avoir rendue folle. Après ça, j'ai vraiment cru que c'était terminé et qu'on vivrait maintenant nos vies chacun de nos côtés. La preuve, j'avais même décidé de me barrer de Bristol. Mais ça aurait été beaucoup trop facile. Ou peut être trop dur. Vous savez, avancer et tourner la page. Surtout que j'étais convaincu que si ça devait se terminer avec Effy, ce n'était pas du tout comme ça que ça aurait du.

Je recrachais la fumée de mon joint et glissais une de mes mains dans ma poche. Si elle était là, c'était qu'elle me cherchait. Enfin, c'était ce que j'espérais. En général, il n'y a pas beaucoup de gens qui trainent au skate park donc si on y va, c'est pour une idée précise. Faire du skate, trouver quelqu'un ou encore éventuellement acheter de la drogue. Je regardais Effy. Elle avait l'air d'aller beaucoup mieux. Encore heureux. Les derniers mois avaient vraiment été de la pure merde. Avec un peu de chance, ils étaient maintenant complétement derrière nous. Ouais... Je repris la parole. « Alors... J'imagine que tu me cherchais. T'es sortie de l'hôpital depuis combien de temps ? »

Citation :

Je suis vraiment désolée de répondre que maintenant :/