sixten ▬ everyone smiles with that invisible gun to their head.

(c) beatnik beast

SIXTEN EASTON

WOLSTENHOLME

Three words to describe your personality ? What – the – fuck.
Sixten Easton Wolstenholme, 17 ans, lycéen. Libre comme l'air, son cœur l'est toutefois moins. Jeune homme mal aimé et caractériel, il a vécu de nombreux traumatismes affectifs durant son enfance. Il arrive tout droit de Londres, ayant retrouvé les traces de son père qui le prend sous son aile.

Un bruit assourdissant pénètre mes oreilles sensibles, me sortant du sommeil dans lequel j’étais plongé. Je jure intérieurement et me lève tant bien que mal, découvrant la pièce qui m’a abrité cette nuit. Un cendrier plein, les restes d’une pizza à moitié entamée et une flopée de canettes de bière vides jonchent la table basse. Je contemple ce désastre d’ermite avec apathie, finissant par enfiler mes chaussures pour pouvoir me tirer de ce bordel. Skyler dort toujours, il doit être habitué au boucan qui provient de la voie ferrée. La baraque se lézarde à cause des vibrations, ce tapage me rend fébrile. Je m’empresse de quitter ce logis, résistant toutefois au martyre que je subis le temps de me rincer le visage et de m’assurer que je suis sortable. Treize heures vingt quatre, j’erre dans les rues de Kensington, hésitant à regagner ma demeure ; ce foyer qui n’en a toujours été que l’ombre déplorable. Je n’ai aucune envie de la revoir. Sa présence ne m’inspire que répugnance, son matérialisme me repousse, son égoïsme me dégoute. Tout en elle m’écœure, jusqu’au fait que je sois sa progéniture, que son sang circule dans mes veines et que je porte son nom. Cette femme que j’ai haï du plus profond de mon être durant les quatorze dernières années de mon existence n’est autre que ma mère, du moins c’est ce qu’elle se plait à croire. Car jamais au grand jamais je ne l’ai considérée comme telle, mon regard se remplit d’aversion à sa simple pensée. Quel genre de femme abandonnerait sans scrupule son fils pour courir après l’argent d’un vieux pépé tout ridé, reniant son existence jusqu’à l’acquisition des biens de son défunt époux ? Tout sauf une mère. Et elle dit avoir fait ça pour mon bien, pour m’assurer une vie meilleure, un bon avenir et autres foutaises de son invention ; que j’ai occupé ses pensées chaque seconde qu’elle a passé loin de moi et qu’elle est revenue me chercher dès qu’elle l’a pu. Même le gosse que j’étais a vu clair à son imposture.

Serrant les poings à cette pensée, je décide finalement de me rendre à un cybercafé. J’ai besoin de vérifier ma boîte mail, espérant avoir des nouvelles de la jeune fille qui occupe mes pensées en permanence. J’ai depuis peu l’impression qu’elle ignore mes messages, mais peut être est-ce parce qu’elle a des soucis de son côté. Tara est son doux prénom. Je l’ai rencontrée sur un site internet et me suis tout de suite accroché à elle, à ma plus grande surprise. Je n’aurai jamais pensé un jour tomber dans les filets d’une fille, encore moins une personne avec laquelle j’entretiens une relation virtuelle. Sa présence réconfortante m’est très vite devenue vitale, elle me fait sentir tellement vulnérable, limite pathétique. Je pénètre dans le premier café proposant une connexion wifi et prends place à une table, après avoir au passage communiqué à un serveur que je ne souhaitais rien d’autre qu’un café. Je sors aussitôt mon iPhone de ma poche et m’empresse de visiter ma messagerie. Aucun signe de vie de sa part, cette absence de nouvelles commence à m’inquiéter. Je prends toutefois la peine de lui faire part du scoop que j’ai à lui annoncer, celui que j’ai retrouvé mon père et que j’allais loger à Bristol dans les jours qui suivent.