v e l v e t k i n s e l l a .

Juliet ouvrit la porte. Surtout, il fallait qu’elle reste naturelle, ne pas paniquer. Non, ne pas paniquer et rester calme. Et naturelle. « Bonjour Mark.. Ecoutez, je vous ai demandé de passer chez moi par rapport à ce que vous m’avez dit l’autre jour. Vous savez, que si j’avais besoin de quoi que ce soit, si j’avais un problème, ou si j’avais tout simplement envie de parler, je n’avais qu’à composer votre numéro. Et bien, je crois que j’ai besoin de votre aide là. Seulement, vous devez me promettre que je ne devrai pas avoir d’ennuis. Vous comprenez, j’ai ma fille, et je ne veux surtout pas qu'elle se retrouve toute seule. Et.. » Elle ne pouvait plus se retenir. Juliet craqua à ce moment là, et fondu en larme. Elle n’était pas du genre à pleurer à la moindre contrariété, d’ailleurs elle s’était retenue bien trop longtemps. Avec tout ce qu’elle avait enduré ces dernières années, c’était une réaction totalement humaine de verser des larmes dans un moment comme celui là. Mais tout serait surement bientôt fini. Après tout, Mr Dempsy était là. Mark était avocat, il pourrait l’aider. Il savait que Juliet n’était pas heureuse. Il avait vu les marques, sur les bras de Juliet, l’autre fois au café. Il avait vu la manière dont Wade ; son mari et son patron ; lui parlait. C’est pour ça qu’il revenait régulièrement, prendre des nouvelles d’elle. Pour s’assurer qu’elle allait bien, et aussi pour la convaincre de porter plainte contre son mari. Son mari Wade qui la frappait. Mais elle avait trop peur de lui. Elle en était réduite à ça, à être une femme soumise. « Ne t’inquiète pas Juliet, ça va aller. » Mark la prit alors dans ses bras, avec une tendresse qu’elle avait presque oublié. La jeune femme s’écarta rapidement de ses bras, et lui demanda de la suivre. Elle entra dans sa maison, et emmena Mark dans la cuisine. Dans cette pièce, il y avait un homme à terre, probablement inconscient, et même mort, et du sang à côté de lui. Quelques centimètres à côté du corps se trouvait une casserole. Tandis que des larmes coulaient sur son visage, Juliet tenta de s’expliquer. « Je ne voulais pas faire ça.. Je ne voulais pas le tuer. Vous savez, il avait bu, beaucoup trop bu. Ces derniers temps il buvait tout le temps. Je crois que ça fait plus de deux mois que je ne l’ai pas vu sobre ! Mais là, il était dans un état pire que d’habitude. Et puis il s’est énervé après moi, en me disant des choses blessantes. Il s’est énervé parce qu’il trouvait que je draguais tous les clients du café. Et puis il s’est mis à me frapper, fort. Ensuite, Lou s’est mise à pleurer. Pas parce qu’elle avait vu la scène ni rien, elle était dans sa chambre en train de dormir. Enfin, elle a à peine un an, et elle m’a surement entendu crier alors c’est une raison suffisante pour expliquer sa réaction ! Et Wade s’est encore plus énervé, il voulait s’en prendre à elle. J’avais peur vous savez, je ne voulais surtout pas qu’il lui fasse de mal. Alors j’ai pris le premier objet que j’ai trouvé, et je l’ai frappé quand il avait le dos tourné. Je ne pensais pas qu’il saignerait autant. Je voulais juste l’assommer, prendre Lou avec moi et partir. Mais il est mal tombé, sa tête a tapé le coin de la table. Il est comme ça depuis une vingtaine de minutes.. Vous croyez que je vais aller en prison ? Il le méritait vous savez, ce salopard ne méritait pas de vivre. »

***

Cher Journal,

Aujourd’hui, maman m’a dit qu’elle aurait voulu que je m’appelle Velvet. C’est beau non ? Je préfère ça plutôt que Lou. Le chien de Mélissa, il s’appelle Lou. J’ai demandé à Mark si c’était possible de changer de prénom, mais il m’a dit que lorsqu’on avait déjà presque 8 ans c’était impossible. Dommage. Mais c’est pas grave, je dirai à tout le monde qu’il faut m’appeler Velvet maintenant. De toute façon, c’est moi qui décide de mon prénom. Oh, maman et Mark vont partir tout le week end en amoureux ! J’espère qu’ils me feront un petit frère, j’en ai marre d’être toute seule, c’est ennuyant. Bon, maman m’appelle, je crois que c’est l’heure de manger. A demain ! Lou.Euh, je veux dire Velvet.

***

« Sale bourge consumériste de mes couilles, va vomir dans les chiottes le pauvre quart de bière que t'as bu pour te sentir rebelle. T'es conne, évite de te donner encore plus en spectacle. Et surtout essaye de te venger que je rigole un coup, l'argent de papa c'est fait pour ça. Dégage ça vaudra mieux pour tout le monde. » Quel gros con. Salopard. Enculé. Qu’il aille se faire voir, lui et sa foutue musique. A ce moment là, pour la toute première fois de sa vie, Velvet pensa à son père, son père biologique. Elle n’avait aucun souvenir de lui, puisque sa mère Juliet l’avait quitté peu de temps après sa naissance. Mais Ju’ avait parlé à Velvet de son père. Elle lui avait expliqué qu’il était méchant. C’était un salopard oui, tout comme Isaac. Sa mère lui avait dit qu’il l’avait beaucoup fait souffrir, qu’il lui avait fait beaucoup de mal. Jusqu’où était-il allé ? La blondinette ne voulait pas le savoir. Mais elle se doutait que ce que venait de dire Isaac n’était rien à côté de ce qu’il avait pu faire. Cependant, ça l’avait blessé. Isaac ne lui avait presque jamais parlé comme ça. L’alcool le rendait méchant. Peut être que si elle s’était fait une ligne de coke avant leur discussion, ça ne l’aurait pas atteint à ce point. Elle aurait dû se faire sa ligne. Elle aimait cette impression d’être forte plus que tout, d’être invincible, de rêver. Visiblement, Isaac ne partageait pas cet avis. Il était contre la drogue, du moins les drogues dures. Néanmoins, je tiens à rappeler qu’avant de sortir avec lui, notre jolie blonde n’était qu’une petite fille naïve et innocente. Grâce à lui, elle a appris certaines choses de la vie, et est sortie de sa coquille. Et à cause de lui, elle a pris goût aux lendemains sans souvenir de la soirée de la veille. Je ne dirais pas que tout est de la faute du jeune homme, ce serait peut être injuste, et déplacé aussi : il ne l’a pas encouragé une seule fois à devenir ce qu’elle est maintenant. Mais ce qui est certain, c’est qu’elle n’aurait jamais touché à la drogue. De toute façon, après ce que ce salopard venait de lui dire, il était hors de question qu’elle revienne vers lui. C’était fini, tout était fini. Leur histoire était terminée. Quel enculé, il allait lui prouver qu’elle pouvait s’en sortir sans l’argent de papa. En plus, il savait que Mark n’était pas son père. Certes, il se conduisait comme tel, il la gâtait comme tel, et elle l’aimait comme tel, mais il n’était pas son père. Velvet ne voulait pas de père, comme elle ne voulait pas s’appeler Lou. Elle ne voulait garder aucune trace de son père. Velvet n’a jamais parlé de Wade à qui que ce soit, pas même à Isaac. Celui-ci savait que c’était un sujet qu’il ne fallait pas aborder. S’il avait sorti cette phrase, là au milieu de cette dispute, c’était juste pour la blesser. Connard, Velvet n’allait pas prendre la peine de se venger. Il n’en vaut pas le coup. Elle allait juste passer à autre chose. Elle pouvait vivre sans lui. Velvet est une jeune fille sociable, peut être un peu trop franche, et qui sait s’amuser. Elle allait lui faire regretter de l’avoir quitté.

***

« Tu sais, c’est difficile de croiser ce salaud tous les jours. Je lui en veux tellement, mais je n’arrive pas à passer à autre chose. Il y a toujours cette attirance. J’ai beau sortir avec d’autres garçons, ils ne sont pas comme lui. Et puis, ils sont tous tellement idiots. Isaac était … je l’aimais. » Sur ces mots, Velvet planta l’aiguille de la seringue dans son bras. Un peu d’héroïne lui ferait du bien, elle devenait un peu trop nostalgique là.