Noah - As my moment come and passed ?

Noah Adonis Foy

Mon nom c'est Noah Foy. Si tu veux tout savoir, mon deuxième prénom c'est Adonis, c'est mythologique, Noah Adonis Foy. Mais on s'en fout parce que pratiquement personne ne connait mon deuxième prénom. J'ai 17 ans, j'vais enfin passer ma dernière année au lycée. J'fais parti de ces gens qui veulent se casser au plus vite. J'en peux plus de tous ces cons et hypocrites qui m'entourent, ça me soûle tous ces gens avec leur faux sourire. M'enfin, j'suis hétéro même si ça m'est déjà arrivé de trouver un mec attirant. Ca fait pas de moi un bisexuel, si ? Arrête, tu m'fous le doute, je déteste ça. Je vis seul avec ma mère, ça va, elle est cool, un peu étouffante ... Ca peut se comprendre quand on sait que mon père s'est tiré il y a deux ans. J'suis loin d'être doué en cours, et franchement c'est le dernier de mes soucis ... Bon, d'accord, ça me prend un peu la tête, mais qu'est c'que tu veux que j'y fasse ?

As long as we were happy

Il était quelle heure ? On était où au juste ? J'en sais rien. Noah n'en savait rien non plus. Dans le fond, il s'en moquait. Il avait pris l'habitude de n'avoir aucun souvenir de ses soirées passés. Il n'en ressentait aucune frustation, il avait toujours connu ça. Noah ouvrit doucement les paupières. Apparemment, il avait dormi à même le sol. Il n'était pas le seul. Il croyait voir furtivement une silhouette à ses côtés, décoiffée, au maquillage dégoulinant sur son visage. Noah se mit sur le dos et passa ses mains sur son visage d'un air exaspéré. Il se souvint alors. Encore une soirée à se foutre en l'air. Dans le fond, tous ces gens, toutes cette musique foireuse qu'on écoutait pour soi-disant mettre de l'ambiance, tous ces substances illicites qui passaient de mains en mains, Noah commençait à s'en lasser. Il retira ses mains de son visage. Son regard se posa alors sur ses mains, sur cette cicatrice qui débutait à son poignet gauche et qui descendait jusqu'à la moitié de son avant-bras. Souvenir d'un passé torturé. Souvenir d'un passé à tout jamais marqué. Cette cicatrice, c'était son père qui c'était tiré alors qu'il avait quinze ans. Cette cicatrice ne faisait que rappeller avec plus de violence qu'il était seul à galérer pour joindre les deux bouts avec sa mère. Sa pauvre mère ... Il l'aimait. Mais depuis deux ans, elle était trop étouffante. Elle espérait sans doute être une bonne mère. Maintenant qu'elle était seule à élever son fils. Un fils qui l'évitait. Un fils qui foutait sa vie en l'air et qui s'en branlait comme de sa première dent de lait.

Noah Adonis se redressa. Il y avait autour de lui un tas d'adolescents tous plus bourrés, shoutés ou juste endormis les uns que les autres. Il cherchait des yeux sa veste qui trainait non loin de lui. Quelqu'un l'avait pris pour s'en faire un oreiller. Sans prêter attention à l'individu, il prit d'un geste sa veste et s'en alla de cette maison qui empestait l'adolescent égocentrique et perturbé. Sa veste cachait plus sa cicatrice qu'il ne lui tenait chaud. Il n'était pas fier de s'être vidé de son flux vital il y a deux ans. Pas quand il avait vu le visage désemparée de sa mère. Sur son lit d'hôpital, sa mère avait alors dit des mots qu'il n'oubliera jamais. Malgré le fait qu'il l'aime, jamais il ne lui pardonnera ses mots. « Tu me dégoutes. » Sa vie avait alors changé. Bien qu'elle s'était excusée en pretextant qu'elle était elle-même perturbée, c'était trop tard. L'eau avait coulé sous les ponts. Il était bien obligé de continuer à lui parler, elle était sa mère après tout.

Il sortit de la maison pour se diriger vers la sienne. Il ne savait pas quelle heure il était. Le soleil s'était levé, c'était tout ce qu'on pouvait savoir. Sur le chemin, Noah songeait. Un des problèmes de jeune Foy était qu'il pensait trop. A en devenir fou. Une simple décision peut prendre chez Noah une ampleur considérable. Ses amis avait beau lui dire « Arrête de te prendre la tête, ça en vaut pas la peine » , rien n'y faisait, il se prenait la tête justement, c'était plus fort que lui et bien malgré lui. Sur le chemin de son foyer, il songeait à ses amis. Il avait la chance de les avoir. Par les, j'entends deux ou trois. Noah avait de véritables amis, ils comptaient pour lui de manière indescriptible. Pour lui l'amitié était quelque chose de précieux. Et puis comme tout le monde, il avait des connaissances. Des tas. Un peu trop. Il s'attachait rarement aux gens. Par peur d'être déçu peut-être. Peut-être qu'il ne plaisait pas. Pourtant, qui pouvait savoir que derrière ce visage se cachait un être enthousiaste. Car peu de chose pouvait enthousiasmer Noah dans la mesure où ce « peu de chose » était quelque chose qui lui plaisait.

Il était arrivé chez lui. Il ouvrit délicatement la porte. Il la ferma avec autant de délicatesse. Un des secrets de Noah était d'être d'une discretion sans faille. Il jeta un regard furtif au salon. Il n'y avait personne. En montant à l'étage, il entendit la respiration lente de sa mère, apparemment encore endormie. Sans trop s'attarder, il entra dans sa chambre. Sa chambre. Son espace. Son univers. Tout lui ressemblait, chaques partielles de cette chambre le représentait, du dernier album de Franz Ferdinand au film Transpotting. Que des références écossaises en ce milieu anglais, pure coïncidence. Depuis qu'il s'était levé, il vit la première fois une horloge. Il était 7h34. Beaucoup trop tôt pour commencer une journée selon Noah qui décida de s'allonger sur son lit pour laisser la matinée glisser sans lui. Il prit une de ses peluches et la serra contre lui. C'était une des peluches que son ex petite amie lui avait offerte. Il n'avait pas beaucoup d'ex. Une seule en vérité. Ce fut une belle expérience, il apprit grâce à elle qu'aimer était un merveilleux sentiment bien que dévastateur. C'était elle qui avait rompu. Malgré cela, ils étaient restés amis, c'est possible. Pendant longtemps il s'était demandé pourquoi lui. Pourquoi avait-il eût le droit à cette chance inestimée d'être aimer et de l'être en retour ? Il ne se trouvait pas beau. Il se trouvait trop maigre, avec les sourcils broussailleux, des yeux trop grands et des oreilles décollées. Mais à quoi bon se plaindre de toute manière, on est comme on est. Noah n'aimait pas que les gens se plaignaient, pourtant il faisait parti de ses gens-là. Dans le fond, il aimait la solitude car il se retrouvait. Allongé sur son lit, en posistion du foetus, il arrivait à ne plus penser et à se retrouver pour faire face à ce qui l'attendais lorsqu'il se réveillera, la vie.

Whaou, you're so amazing