Apollo Waith

WAITH APOLLO

Je m'appelle Apollo, j'ai 19 ans. J'ai un frère jumeau, Noxalis, la seule personne au monde qui mérite une vraie place dans ma vie. Mes parents, pour moi, c'est un peu la banque. Ma famille est une ancienne aristocratie anglaise qui a fait fortune dans le textile.

Mon visage d'ange cache un concentré de méchanceté, mais surtout de péchés. Tous sont en moi, de la luxure à l'orgueil en passant par la colère. Lorsque je suis en colère, tout bouillonne en moi, et je suis capable du pire. Enfin, tout compte fait, pas seulement lorsque je suis en colère. Je suis avare, malgré que j'aie tout. Oui, avare de sentiments. Je n'en ressents jamais, pour rien ni personne hormis mon frère. Mais ça, c'est une autre histoire. Je n'ai qu'à claquer des doigts, et tout vient à moi. Je ne m'en lasse pas, car lorsque l'ennui m'étreint, je trouve toujours le moyen de m'amuser. A vos risques et périls. Je vous aurai prévenu, ne m'approchez pas, ou vous vous brulerez les doigts. Cependant, nous sommes toujours tentés par l'interdit, par le mal n'est-ce pas ? Je suis le mal. Je suis l'enfer. Si monstrueusement attirante, que ça vous torture...déjà.

Je dois donc réellement être sans coeur. Impitoyable. Cela aurait fait pleurer n'importe quelle personne normale, n'est-ce pas ? Pourquoi alors ce rictus de victoire apparait-il sur mon visage à cet instant ? J'ai gagné. Elle ne s'est pas mal défendue. Mais je gagne toujours. Je le savais. Et elle n'est plus de ce monde. Son dernier appel, la dernière chose qu'elle a faite, est d'écrire une lettre expliquant tout, le pourquoi, le comment. M'expliquant moi.

Au premier abord, elle est une blondinette parfaite, innocente, un petit ange. Elle et son frère. Toujours ensemble. A croire qu'ils s'aiment. Mais elle n'aime personne, elle est incapable d'aimer, elle ne peut que faire le mal. Et dire que le monde est à ses pieds. Qu'on ne peut rien lui refuser. J'ai essayé. Je vous jure que j'ai essayé de lutter. En vain. Que dieu bénisse celui qui l'éliminera. Mais cette personne existe-t-elle ? Est-ce possible ? C'est comme lutter contre un fantôme, tenter d'attraper du sable avec les mains, désespérant, fatiguant, interminable. Elle est splendide, juste...époustouflante. On dirait une apparition divine, la plus belle des déesses. Détrompez vous. Ce n'est qu'une pute. Elle a ruiné ma vie. Elle a baisé mon mari. Et son frère. Et mon frère. Et tous, tous, n'ont eu d'yeux que pour elle, se battant pour son petit cul de poule de luxe, de lady souillée. Ils l'ont toute eue dans leur lit, mais ça ne leur suffisait pas, il leur fallait ce démon dans leur vie. Car on n'en a jamais assez.

Moi même, j'ai été éblouie, réduite à rien, je n'écoutais que ses paroles en y croyant comme si c'était le bon dieu qui les lui insufflait. Je les vénérais, elle et son frère. Qui ne le ferait pas ? Et elle s'est servie de moi. M'a manipulée. M'a détruite. Tout ce qu'elle voulait, c'était me briser car...elle s'ennuyait ! Qui donc détruit des vies parce-qu'il n'a rien de mieux à faire ?! Mais elle n'est pas les autres. Je suis tombée amoureuse de son frère. Elle me roucoulait qu'il lui parlait souvent de moi. Je l'ai crue, bien évidemment. Elle s'est insinuée dans ma vie comme l'héroïne le fait dans ses veines, le temps d'un ennui. Je lui ai donné tout ce que je possédais. J'ai trompé l'homme de ma vie avec ce jeunot. Ils m'ont volée, alors qu'ils n'ont besoin de rien. Ils m'ont tellement bien appris à sniffer de la coke que mon nez n'est plus qu'un aspirateur de poudre blanche. Ils m'ont initiée à la « vraie vie » comme ils me le disaient si bien. A la débauche. La déchéance. La braderie. Je me brade dans des bars miteux, me vends à des types sales qui même avec l'aide de viagra ne peuvent que bander mou en pensant que l'homme qui m'a épousée rêve de son corps galbé, de ses yeux océans et de sa crinière de boucle d'or. Je n'ai plus rien. Et c'est de sa faute.
Mais je les ai vu. Comme ils se comportent l'un envers l'autre. Ils sont toujours ensemble, se comprennent sans un mot. J'ai entendu les rumeurs, celles qui disent que leur relation est incestueuse. Il y a de quoi le penser. L'un comme l'autre est machiavélique, à croire qu'il y a un jeu entre eux sur qui sera le pire. Cruauté. Jouissance.

Je ne peux plus respirer. Je ne peux plus vivre. Je ne vaux plus rien. J'ai appelé à l'aide, mon cri a résonné, un écho, et tout s'éteint. Le vide. Je demande pardon, pardon d'avoir été naïve. Ne m'emmenez pas au Paradis, car là bas je ne pourrai pas me venger. Que celui qui retrouve ma lettre soit touché, qu'il entende mon désespoir. Détruisez là. C'est mon dernier souhait. Ne la laissez pas s'enfuir. Son frère non plus.
Maintenant, je m'en vais. Pardon personne, je ne compte plus pour vous, je suis seule à présent. Là où j'irai, j'attendrai, j'attendrai qu'elle arrive. Le temps d'un infini s'il le faut, car sa souffrance n'a pas de prix. Et dire que tout ça, le temps d'un ennui.

Poétique, je l'avoue. Pas mal. Pas de chance, jeune fille, celle qui a trouvé ta lettre, c'est moi. Tu attendras encore longtemps, personne ne me détruira. Un briquet, une flamme, maintenant tout le monde t'oubliera.